La Bleuse Borne
Un joli parcours buissonnier dans les rues d'Anzin.
On traverse la cité du Moulin, des anciennes maisons de mineurs entourées de verdure et remplies de vie côtoient des maisons condamnées. La vie, le silence. Le passé est réinvesti dans cette cité construite en 1947 et située au pied du terril 189a, dit terril de la Bleuse Borne. Sous un arbre aux branches qui parlent, les randonneurs s’assoient, écoutent, entrent dans l'histoire de ce lieu. Ce terril de la Bleuse Borne est lié à la Compagnie des Mines d'Anzin, la fosse fut l'une des plus productives. Le puits a été exploité au début du XIXe siècle jusqu'en 1935. C'est un terril conique, car l'espace manquant, les stériles miniers étaient élevés en hauteur, à la différence des plats, où ils étaient stockés en longueur. La Bleuse Borne a gardé son identité, son nom tiré d'une pierre bleue et ses souvenirs d'enfance. « Le terril était un vrai terrain de jeu. On le descendait sur des bassines. On la traînait avec une ficelle et en haut on sautait dedans. Ça glissait fort. Il était plus en pente. Aujourd'hui, il est à la moitié de sa taille ».
Souvenirs, souvenirs...
« C'était un noir, mais pas un noir charbon, c'était un noir qui brillait. »
Malika se souvient de ses promenades sur le terril de la Bleuse Borne quand elle était enfant, c'est un souvenir impérissable qui, aujourd'hui encore, la fait sourire, « c'est mon endroit préféré, tout en haut, on voit les choses que l'on ne voit pas en bas, on voit les choses différemment ». Elle aime raconter « Nous trouvions des tas de petites choses sur le terril, des paires de baskets dépareillées, des cartes d'identité, des petits objets que nous amassions, des petits cailloux. Mais des petits cailloux comme de l'or, ils avaient une forme qui brillait, des petits bijoux, des petites pierres précieuses... C'est vrai, toutes ces petites pierres qui scintillaient là dans un coin, nous avions l'impression qu'elles nous attendaient. C'étaient des montagnes de trésors. En fait, c’était un noir, mais ce n’était pas un noir charbon, c'était un noir qui brillait ».
Un esprit sur le terril.
Et cet écho, en haut, magique. Un retour de sons. « On racontait qu'il était hanté... peut-être qu'ils ont inventé cette histoire pour éviter que les enfants montent sur le terril seuls dans le noir. Mais il était quand même fréquenté la nuit puisqu'une fois, ils y ont retrouvé une pantoufle... ». Certains y montaient pour affronter et dominer la peur du vide et d'autres celle de l'orage, « j'étais terrifié par l'orage quand j'étais petit. Alors un jour mon père m'a fait grimper tout en haut du terril pour ne plus en avoir peur. C'est très dangereux, mais c'est comme cela qu'ensuite j'ai vaincu mes craintes ».